La rencontre interculturelle : une expérience spirituelle

Pope Francis embraces a young woman during an encounter with youth in Cagliari, Sardinia, Sept. 22. (CNS photo/Paul Haring)  

Introduction

Qui suis-je et d’où est-ce que je parle ?

Religieuse Xavière, j’ai vécu 11 ans en Afrique 4 ans en C-Ivoire et 7 ans au Tchad comme aumônier d’étudiants. Partie au Tchad à un moment délicat de l’histoire de notre congrégation (la mort par assassinat de notre sœur Christine jeune professe médecin de 33 ans)

J’ai accompagné beaucoup de personnes, laïcs et religieux ici et là-bas puis comme Responsable du noviciat de ma congrégation pendant 6 ans

Je suis à la DCC depuis 6 ans et plus …rencontres et stages, retraites spirituelles et surtout le suivi des volontaires sur le terrain !

1.  Qu’est-ce que c’est une rencontre ? à fortiori une rencontre interculturelle ?

Avant de parler d’une rencontre interculturelle regardons d’abord ce que met en jeu une rencontre au sens plénier de ce que signifie ce mot. C’est-à-dire qu’il ne s’agit pas d’une rencontre fugitive comme l’on croise quelqu’un dans le bus ou à la boulangerie en achetant son pain.

La rencontre dont nous parlons signifie qu’il y a eu un véritable échange, un véritable dialogue, une confrontation à l’autre, et à son ALTERITE, c’est-à-dire à son étrangeté. Mais où commence l’étrangeté de l’autre ? Est-ce sur la pigmentation de la peau uniquement ? Nous avons tous et toutes fait l’expérience d’une étrangeté parfois plus importante entre français…qu’avec des personnes d’origine culturelle différente ! je pense à des positionnements éthiques ou politiques totalement divergents (la peine de mort ou l’euthanasie, l’accueil des étrangers justement et migrants… le mariage pour les homosexuels par exemple sont des lieux où l’on peut vraiment se sentir TRES étrangers les uns aux autres entre français !

La rencontre dont nous parlons ici est une rencontre de l’autre qui implique une bienveillance et une écoute réciproque absolument nécessaire. Les conséquences de cette rencontre sont aussi une transformation des deux personnes, de leur manière d’appréhender le monde et le sujet abordé. Il y a un déplacement de part et d’autre. L’autre est AUTRE et par le fait même qu’il est différent, il me révèle à moi-même et me permet de me positionner. Il me déplace, me bouscule, m’enrichit et précise ce que je suis, ce que je veux et désire, ce que je ne veux pas.

2- De la rencontre humaine à la rencontre divine

C’est la même expérience dans l’expérience spirituelle : Dieu est le TOUT AUTRE, dans la prière, Il me révèle à moi-même, il me fait habiter mon intériorité et ma foi, vécue au jour le jour imprégnée de sa présence et de la méditation de son Evangile m’ouvre et me renvoie sans cesse vers les autres. Point de rencontre de Dieu sans solitude avec lui, mais sans renvoie également aux autres : la foi ouvre !

Cependant lorsqu’il y a rencontre humaine forte, y-a-t-il toujours rencontre spirituelle ? pas nécessairement ! Mais reconnaissons que l’expérience d’une belle rencontre humaine ouvre plus spontanément à la rencontre de Dieu. C’est l’expérience que font beaucoup de jeunes couples en découvrant l’amour humain. Ils découvrent qu’ils sont aimés de façon unique par quelqu’un et que cet amour vient de plus loin qu’eux. De plus lorsqu’ils se le partagent et en vivent, cet amour grandit entre eux et ne demande qu’à rayonner. Il les renvoie à plus loin qu’eux, ils ne peuvent qu’en témoigner…

Rappelons cependant que la rencontre fondamentale en régime chrétien c’est par le baptême qu’elle passe ; or dans le Christ, nous sommes tous frères et sœur dans l’Eglise. Dans l’Eglise il n’y a donc pas d’étrangers. Il n’y a que des frères et sœurs !

3- Partage d’expériences personnelles de rencontres interculturelles que j’ai reconnues comme étant pour moi une expérience spirituelle

ABIDJAN –COTE D’IVOIRE entre 29 et 33 ans (1989 à 1993)

Un choc affectif entre la richesse et la pauvreté qui devient tremplin missionnaire. Mes sœurs m’ont emmené visiter alternativement le même jour, le grand Hôtel Ivoire de la capitale et à ses pieds le village sorte de bidonville ou nos sœurs avaient vécu. J’ai pleuré au retour, choquée de cette différence. Cela fut un choc et c’est seulement à 29 ans que pour la première fois grâce à ma nouvelle vie en Côte d’Ivoire j’ai découvert que depuis mon enfance j’étais démocrate et que j’avais engrangé sans le savoir des tas de notions de justice, de paix, de non-violence, de bien commun…

Cela a attisé en moi le désir de me battre pour développer chez les jeunes universitaires auprès desquels j’étais envoyée, un vrai sens de cette justice et de la paix, du bien commun, à les former aussi à la non-violence active évangélique…Plus tard avec les « évènements » vécus un peu avant la mort d’Houphouet Boigny et l’avènement du multipartisme dans ces pays d’Afrique de l’Ouest, cela a chauffé et j’ai été confirmée sur mon positionnement de religieuse au service d’un autre pays que le mien : humilité et discrétion pour ne pas faire d’ingérence, mais présence et écoute pour faire la vérité, formation pour aider les jeunes à vivre cela le plus sereinement possible. Former les jeunes chrétiens pour être de vrais serviteurs de l’évangile, des martyrs parfois ? en tout cas des serviteurs souffrants ! nous avons avec les jésuites et des jeunes lancé un groupe : Foi et Analyse Politique.

 – Une Visitation : donner et recevoir la beauté et la gratuité. Dans les premiers jours la visite à Marcelline, la femme de Sébastien notre cuisinier qui venait d’avoir un bébé. Cela fut une véritable « visitation » pour moi. Outre la découverte de leur quartier et de leur habitation très simple voire pauvre, de leur mode de vie différent du nôtre, j’ai noté la joie de Marcelline. Son silence, son sourire et ses yeux me resteront marqués à vie. Elle ne disait rien mais elle goutait cette rencontre et j’étais émerveillée avec elle, toutes les deux les yeux sur le bébé dans ses bras puis à son sein…elle était très belle. De plus, ils m’ont superbement accueillie : boisson, gâteau, fruits…alors qu’ils n’ont rien ! J’ai reçu là quelque chose de l’évangile en acte : beauté et gratuité, simplicité. Elle était honorée, et elle était si humble…Cela m’a beaucoup parlé de la relation à Dieu, humilité radicale devant l’autre présent. C’est bien l’Afrique qui m’a fait découvrir la dignité dans la pauvreté, dans la souffrance…la capacité immense de résilience alors que tout semble s’effondrer

– La joie de la résurrection est déjà sur terre ! Le premier Noel à la paroisse. Tout le monde Bénédicte Lamoureux –CEF- 28 janvier 2017 3 dansait à la fin…j’étais toute jeune religieuse et l’on m’avait présenté la supérieure générale des sœurs de la congrégation autochtone de la ville, j’ai religieusement et respectueusement serré sa main… Mais là elle dansait tout ce qu’elle pouvait et toute l’Eglise avec elle, les prêtres etc…je me suis dit que je n’avais rien compris de la JOIE du ciel, ni de la résurrection et que je devais tout apprendre… !

Je me suis demandée ensuite…En qui je crois ? Quelles sont mes images de Dieu et du Christ ? est-ce que je peux voir et même imaginer Jésus danser à Cana ?

N’DJAMENA- TCHAD de 37 à 44 ans (1997- 2004)

  • La traversée de la peur : arrivée dans l’adversité à la suite de l’assassinat de notre sœur Christine. Comment faire confiance ? comment passer de la peur à la foi ? j’avais été mise « dans la chambre des mortes » disaient le gardien et le cuisinier de notre maison. Personne ne me l’avait dit et eux avaient peur pour moi. Mais cette chambre avait aussi été la chapelle à un moment… Je fais une expérience spirituelle forte une nuit ou je réalise que le St Sacrement devait être là où je dormais maintenant…Mon cœur dans ton cœur au désert… La suite de mon année bascule ensuite de la peur à la confiance et à la joie, à la fécondité de vivre cette mission au Tchad. Traversée pascale !
  • Avec les étudiants lors de la première retraite spirituelle. Je m’étais donnée du mal à préparer et à bien réfléchir comment aborder la question de l’Esprit Saint et des Esprits…j’avais demandé à une cuisinière de nous nourrir pendant les 5 jours en lui allouant un budget et je faisais confiance à sa cuisine et à sa perspicacité pour tenir jusqu’au bout d ce budget= avec de bons menus. A la fin de la retraite lorsque j’ai demandé aux jeunes un bilan rapide. L’ensemble a surtout relevé une chose pour eux essentielle : « Ma sœur, on a vu que vous avez mangé comme nous ! » Allez-vous casser la tête à vous demander comment leur parler du Père du Fils et de l’Esprit !!! ils vous observent et ensuite ils vous écouteront ! Cela m’a fait réfléchir : Leur annoncer le Christ Jésus et sa BN passe par MOI !

C’est-à-dire par ma personne et ma cohérence de vie…ma qualité de présence et d’accueil de leur culture sur le fond. Ce n’est que plus tard qu’ils sont passés à autre chose au plan spirituel car j’avais fait « de chez eux un chez moi » et ils me le disaient « vous êtes devenue Tchadienne » ce qui était faux…mais j’avais franchi des étapes de confiance importantes et par mon accueil de leur nourriture et de leur mode de vie je les valorisais…Leur joie a été grande lorsqu’ils sont allés jusqu’à me faire gouter des râbles de rats des champs et des hérissons grillés… !!

  • Des leçons de vie : Marius m’a fait découvrir mon individualisme et mes réflexes de riches. Un jour il arrive de la fac tout fatigué et ruisselant, maugréant car il n’a pas un sou pour s’acheter à manger. Je suis en train de déjeuner à la cafeteria du CCU avec une assiette de riz et des morceaux de viandes avant la réunion des chrétiens du centre. Je sens son agacement et je lui donne les 200 CFA pour une assiette. Immédiatement, il demande deux fourchettes et la partage avec un autre étudiant qui était là et que je n’avais même pas vu…Une claque dans ma figure ! non seulement j’étais seule à manger dans mon assiette mais en plus je n’avais pas vu l’étudiant et encore moins pensé à partager ! J’ai eu du mal à finir…cela m’a fait beaucoup réfléchir. La semaine suivante j’ai offert un plateau de riz à tous… Bénédicte Lamoureux –CEF- 28 janvier 2017 4
  • Achée : la fille de notre gardien a perdu son mari. Elle est en quarantaine d’abord dans sa maison puis dans sa concession. Je vais lui rendre une visite de condoléances. Elle me reçoit derrière un rideau tendu en angle entre deux murs de coin. Arrive un monsieur musulman et elle me glisse avec elle derrière le rideau, le monsieur ne doit pas me voir, il est lui de l’autre côté du rideau, je suis seule avec elle dans le coin. Je la vois joindre et ouvrir ses deux mains devant elle tranquillement, en signe d’accueil et pendant ce temps le monsieur récite une prière. Elle termine en passant ses deux mains devant son visage, et bientôt le monsieur s’en va…. Je rentre chez moi songeuse et je partage mon expérience avec ma communauté. Je suis mal à l’aise car je n’ai pas osé prier avec elle, et encore moins réciter un Notre-Père même silencieux. Pourquoi ? Pourtant elle me sait être religieuse catholique. Après réflexions en communauté, nous en discutons avec le responsable du diocèse chargé des relations avec l’islam. Lui nous affirme qu’il ose régulièrement réciter le Notre-Père avec les musulmans car justement il n’est pas question de Jésus, mais du Père, de Dieu…C’est à partir de là qu’avec ma communauté nous avons commencé à oser

SONT ESSENTIELS A LA RENCONTRE : Le dialogue de vie comme le dialogue de l’action : par exemple :le GIC le groupe Interconfessionnel c’est-à-dire des étudiants catholiques, protestants et musulmans qui s’étaient mis ensemble pour lutter contre l’injustice à la fac , contre les « NST » (les notes sexuellement transmissibles !)…par exemple des femmes réunies pour lutter contre la malnutrition infantile qui fabriquent des bouillies améliorées ensemble…

4- Qu’est-ce qui définit une expérience spirituelle ?

Des figures bibliques fortes peuvent nous aider à réfléchir

ABRAHAM

Ce Père dans la foi ! Ce pèlerin, ce migrant, celui qui part sans savoir où il va : il engage sa vie sur la parole entendue. Un homme qui fait confiance, chemine dans la foi, croit à la promesse sans avoir de preuve avant de partir. Il se livre à la rencontre et mieux encore invite à accueil au mieux les visiteurs (hospitalité dans Gn 18 la Tente d’Abraham…) cet inventeur de l’hospitalité – 1er lavement des pieds biblique…nous invite aussi à croire à la promesse car ce sont ces 3 visiteurs qui relèvent à Sarah et Abraham qu’ils auront un enfant dans un an…En rirons-nous avec eux ? A certaines étapes du chemin, offre le plus cher de sa vie (Gn 22 sacrifice d’Isaac)

Abraham nous aide à percevoir que notre vie ne vient pas de nous-même, elle est vient de plus haut et de plus loin que nous, elle nous est donnée, nous sommes référés à quelqu’un d’autre : un Dieu qui parle, qui entre en relation…

JESUS ET LA SAMARITAINE l’histoire d’une rencontre! (dans la bible les puits de la rencontre)

  • Jésus fatigué assis au bord du puits demande à boire à quelqu’un d’une autre ethnie, une Samaritaine venue puiser de l’eau à une autre heure que les autres femmes du village…il ose prendre l’initiative. Leurs échanges va les transformer l’un et l’autre…Elle n’aura plus besoin de puiser de l’eau Bénédicte Lamoureux –CEF- 28 janvier 2017 5 et lui n’aura plus besoin de boire ! L’eau vive de l’Esprit est à l’œuvre en eux. Quelque chose s’est passé ! « Si tu savais le don de Dieu !»
  • Les échanges entre Jésus et la Samaritaine font entrer dans la vérité de la relation….On ne peut mentir quand on approche Jésus. Il lui fait vivre une relecture profonde de sa vie avec délicatesse et précision. Elle ne se sent pas jugée, mais aimée (c’est tellement essentiel le non-jugement dans toute rencontre !). Libérée du poids de sa honte aux yeux des hommes, elle en devient même audacieuse, elle court annoncer ce qu’elle a vécu et dit déjà sa foi en Lui « Il m’a dit tout ce que j’ai fait ! Ne serait-ce pas le Christ ? » et tous accourent.
  • Elle rayonne de la joie de la reconnaissance de la vérité de sa vie, elle a ressenti qu’elle était pardonnée et aimée immensément et bien au-delà de ses fautes…elle devient missionnaire de la miséricorde !

L’épisode de la Samaritaine montre qu’avec le Christ Jésus, la cohérence de notre propre vie nous est souvent révélée. Une unité intérieure se fait peu à peu. Jésus devient le centre, celui qui ressource toute vie et donne sens et orientation…Nous faisons bien l’expérience que c’est parce que lorsque l’on est bien avec soi-même, en paix, que l’on habite pleinement « chez soi » intérieurement que l’on est également davantage disponible à la rencontre de l’autre.

EMMAUS

Les disciples en marchant parlent des récents évènements de Jérusalem entre eux et sont tout tristes. Quelqu’un approche qu’ils ne reconnaissant pas et fait route avec eux, celui-ci écoute intensément et donne de belles explications…A l’auberge il semble vouloir s’éloigner discrètement mais eux le prient de rester. A la fraction du pain, ils le reconnaissent…et les voilà repartis à toutes allures vers Jérusalem !

Expérience d’une réelle rencontre qui pourtant les laisse à nouveau seuls ! Jésus ne se laisse pas saisir. Toute rencontre forte avec Lui est à la fois fulgurante et fugitive « Jésus qui m’a brulé le cœur aux carrefours des écritures » c’est une brulure vive qui fait basculer une vie mais qui ne peut être saisie, de l’extérieur elle peut même paraitre incompréhensible.

Comme toutes les rencontres de Jésus dans l’Evangile, Emmaüs nous montre qu’il y a bien un « avant » et un « après » la rencontre ! On n’en ressort jamais comme avant, jamais neutres. Ces rencontres avec Lui sont toujours une révélation dilatante et respectueuse de notre histoire personnelle. Comme si chaque fois Jésus disait à chacun sa vérité, son amour son attachement particulier et unique. Ces rencontres nécessitent disponibilité et gratuité, bienveillance. Après ces rencontres, l’on constate souvent une énergie renouvelée et décuplée, une joie…En même temps Jésus nous échappe toujours. C’est bien dans l’intériorité que se situe et que se vit la relation et sa résonnance en nous. Insaisissable car il est à la fois eau vive et esprit, pain rompu ici …qui se donne, chemin vérité et vie, porte…

5- Comment reconnaitre une expérience spirituelle ?

  • Lorsque vous ressentez paix et joie, unité intérieure et/ou unification, sentiment de cohérence et de sens profond…
  • Surprise et étonnement, admiration devant les personnes leur dignité, leur capacité de résilience…grand sentiment de respect intérieur
  • Emerveillements divers : devant la beauté de la nature, devant la fraternité possible ou d’accueillir pour vous-même quelque chose qu’en fait vous attendiez depuis longtemps au fond de vous-même…Chaque être vivant à de la valeur !
  • Déplacements, ouverture sur des horizons nouveaux, élargissement du cœur
  • Sentiment de s’enrichir immensément alors qu’en réalité vous avez moins d’argent, moins de confort, moins de temps pour vous, moins de silence…
  • Cœur tout enflammé d’amour pour les autres et pour Dieu…
  • Désir de prier, soif de solitude et de silence mais aussi, action de grâce
  • Désir de découvrir davantage la culture locale, les personnes, de lier des amitiés plus profondes
  • Désir de servir ces personnes, ce quartier, ce pays, Dieu, le monde entier…
  • Accroissement des 3 vertus théologales : Foi, Espérance et charité
  • Accroissement de la confiance en l’humanité
  • Accroissement de la capacité à avoir de la compassion, à pardonner, à avoir le cœur magnanime et miséricordieux

Epreuves et joies de la rencontre de l’autre

  • De l’incompréhension à la joie : quelle ouverture, dynamisme !
  • Elargissement du regard et du cœur car elle « humanise »
  • Elle ouvre le champ de la réflexion et fait déplacer des critères : le modèle européen, français n’est pas normatif, d’autres manières de vivre et de penser sont tout aussi valables..
  • Se laisser prendre par l’accueil ou entrer dans la confiance
  • Apprendre à recevoir de ceux qui n’ont rien mais sont toujours prêts à donner : la vulnérabilité partagée, est un vrai lieu de rencontre
  • Traversée des difficultés, des souffrances, des incompréhensions –
  • Se sentir perdu, désemparé…devant l’étrangeté, fragilisé, parfois humilié
  • Mise dans le silence et la solitude

Epreuves et Joies de la pauvreté

  • apprentissage de découvrir ses forces et ses fragilités, ses limites plus encore : au cœur de toutes ces pauvretés visibles découvrir la richesse de cœur des personnes. Comprendre que ma pauvreté c’est l’encombrement par mes richesses trop importantes dont je ne sais que faire, que je désire garder jalousement « pour moi » au lieu de les donner, de les partager…
  • Mieux encore ma pauvreté est une chance, un trésor ! j’apprends à me désencombrer de moi, à me libérer de mon importance, j’apprends même à oser demander de l’aide humblement ! je découvre les bienfaits de l’apriori de bienveillance, base de la confiance… dans toutes relations.
  • Apprendre aussi à vivre avec peu. A gouter les joies de la simplicité

Révélation d’un autre visage du Christ Jésus

  • Découvrir une autre façon de célébrer, de prier
  • Silence et solitude nécessaire à une vie intérieure personnelle,
  • Enracinement plus grand dans le Christ
  • Apprendre à me réjouir à Louer Dieu pour de petites choses
  • Se sentir en pleine connivence, avec des personnes si différentes est une expérience incroyablement riche

6- La figure du Christ est un modèle

Deux mouvements clés de toute rencontre, fondements de la vie spirituelle (Phil 2)

  • « Lui de condition divine, ne retient pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même prenant condition d’esclave, et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort et la mort sur la croix !»

La suite du Christ nous entraine vers un « mouvement de descente » à sa suite, mouvement d’offrande et de dépouillement de soi.

La sortie de soi, de son jugement de son vouloir et de ses intérêts propres est une traversée de la « perte », de l’impuissance, de la souffrance, de la peur et la mort et configure au Christ dans son mystère pascal.

Ce mouvement est réel dans toutes rencontres vraies… la sortie de soi oblige à créer un espace pour l’autre en soi, elle permet la disponibilité et l’écoute, la bienveillance et la confiance. L’autre me fait bouger et me transforme. Mais je dois consentir à lâcher

  • « C’est pourquoi Dieu l’a exalté et lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout nom, pour que tout au nom de Jésus s’agenouille au plus haut des cieux sur terre et aux enfers et que toute langue proclame « Jésus Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père »

Mais ces pertes paradoxalement nous libèrent et nous allègent, nous unissent au Christ ressuscité et vainqueur de la mort. Avec Lui nous entrons dans une confiance, une foi en la vie, en les autres… en Dieu

Cette expérience n’est rien d’autre que celle du baptême : tout baptisé est plongé dans la mort et la résurrection du Christ. C’est le fondement de toute rencontre dans le Christ. Une expérience de mort à soi et de résurrection par la transformation de soi par l’autre. Parce que tout être vivant est être de relation. « Au commencement était la relation » disait le philosophe Bachelard

Et l’autre est ma joie ! Il me fait jaillir des cris de joie !

7- Conditions pour vivre une expérience de rencontre interculturelle

La rencontre quelle qu’elle soit nécessite

  • Affronter sa peur de la nouveauté, se sentir étranger
  • Disponibilité et bienveillance
  • Ouverture et curiosité (sans excès !)
  • Importance de la gratuité et du temps libéré
  • Sortie de soi, de ses préjugés, de ses jugements, de son confort et de ses habitudes
  • Découvertes et Etonnements. Emerveillements
  • Traverser les chocs et les conflits culturels
  • Se laisser déplacer : Déplacements physiques et intérieurs

8- Conclusion

Petits rappels :

  • Nous avons TOUS un chemin à parcourir pour rencontrer l’autre ! l’Autre !
  • Je n’ai AUCUN POUVOIR SUR L’AUTRE, je n’en ai que sur moi !!
  • Garder un apriori de bienveillance et se faire un devoir, une habitude de ne pas juger
  • Sortir de soi de son vouloir et de ses intérêts propres…pour entrer dans la confiance et la patience !

Etre chez moi chez eux, c’est vraiment me déplacer, traverser mes peurs et mes jugements ! Aujourd’hui il y a un fort enjeu pour qu’ils soient aussi « chez eux chez moi et chez nous », bref à les recevoir vraiment

La Philoxenia , c’est le respect, l’accueil de l’étranger ! C’est consentir à se laisser bousculer !

En tout homme, il y a un « ailleurs », une intériorité, un chemin d’humanité qui nous relie et peut être le lieu d’une rencontre qui mène jusqu’à l’expérience spirituelle réelle et partagée…

Le Christ est notre unité, notre modèle et notre fondement, c’est avec Lui qu’il faut vivre toutes rencontres.

Croire que l’Esprit est à l’œuvre !

Par Bénédicte Lamoureux –CEF- 28 janvier 2017

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